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Dans le prolongement des dernières publications de Guy Wagner concernant l’impact du coronavirus sur les marchés boursiers, je souhaiterais approfondir certains éléments mentionnés dans ces articles, et cela du point de vue d’un gérant actions doté d’une formation scientifique. Mon objectif est de rester dans ma sphère de compétence et de ne pas commenter plus avant les marchés boursiers dans leur ensemble et les implications économiques, étant donné que ces aspects ont été largement développés dans les articles de Guy.

Guy Wagner : le principal problème n’est pas le virus en lui-même mais l’époque dans laquelle nous vivons.

D’un point de vue scientifique, il y a des raisons objectives de s’inquiéter, mais il n’y a aucune raison de paniquer. Il semble actuellement, sur la base des preuves médicales et des principes mathématiques de base, que la majorité de la population sera exposée au virus dans les 2 prochaines années. Ce virus va continuer de se propager jusqu’à ce qu’une proportion suffisante de la population soit immunisée, soit en étant directement infectée, soit grâce à un vaccin (qui devrait être disponible au printemps ou à l’été de l’année prochaine). Il faut maintenant s’attacher à limiter la Vitesse de propagation du virus puisque le risque principal réside dans une congestion de nos structures de santé. Il y a dès lors de grandes chances qu’à un moment ou un autre, ce virus vous affectera vous ou l’un de vos proches mais le fait est également qu’il ne devra probablement pas occasionner trop de dégâts.

Ce qui inquiète, c’est la perte de raison et le vent de panique qui est actuellement en train de s’emparer de la société dans son ensemble. Les gens ne semblent plus capables d’agir rationnellement ; l’altruisme est devenu une denrée rare et les faits scientifiques sont le plus souvent ignorés. Il ne faut pourtant pas s’étonner de cette vague de peur, suspicion et égoïsme dans un monde de plus en plus étrange où le Président des Etats-Unis peut répandre des mensonges en toute impunité et où les faits scientifiques avérés, comme le changement climatique lié à l’activité humaine, sont remis en question.

En tant qu’investisseur, notre hypothèse de travail doit être que, aussi difficile que la situation puisse paraître, la crise actuelle va se résoudre, le virus sera contenu et la situation reviendra à la normale.

 

Guy Wagner: quant à nos fonds, nous pensons que la meilleure façon de faire face à cette situation est de nous concentrer sur ce que nous pouvons maîtriser et sur notre processus d’investissement. Nous sommes persuadés que le meilleur (et seul) moyen pour un(e) investisseur de protéger son pouvoir d’achat à long terme est d’investir dans des sociétés de qualité.

Je souhaiterai élaborer quelque peu sur notre processus et notre méthodologie d’investissement. Comme vous pouvez le voir par rapport à ces quelques lignes, un sujet tel que celui de la propagation du coronavirus peut très rapidement prendre une charge émotionnelle très forte. Pour rendre les choses plus difficiles encore, la correction de marché, spécialement sur le marché japonais, a été très sévère, ce qui a renforcé encore plus les émotions négatives.

Dans pareille situation, il est crucial d’adhérer à un processus d’investissement strict qui permet de réduire l’impact des émotions sur les décisions d’investissements. Il s’agit de la seule chose que nous pouvons réellement maitriser dans ce contexte de marché particulièrement incertain.

 

Notre processus d’investissement se fonde sur deux piliers: la qualité des fondamentaux des entreprises dans lesquelles nous investissons et leur valorisation.

Tout d’abord, l’attention que nous portons aux valorisations, nous empêche de surpayer nos investissements et nous permet de saisir les opportunités d’investissement lorsqu’elles surgissent, comme par exemple lors de corrections de marché telles que celle que nous connaissons actuellement. La crise actuelle n’impacte finalement pas significativement la valeur intrinsèque des entreprises. Ces valeurs ne sont en effet pas basées sur les résultats d’une ou deux années mais plutôt sur les flux de trésorerie que les entreprises devraient être en mesure de générer une fois la pandémie terminée. Les cours de bourse que nous voyons actuellement passer au rouge ne nous disent pas combien une société vaut, c’est notre modèle de valorisation qui nous guide. Lorsque la peur continue de tirer à la baisse les cours de bourse, notre processus nous permet de nous tenir prêts et de nous discipliner afin de pouvoir acheter les titres lorsqu’ils se négocient avec une décote suffisante par rapport à leur valeur intrinsèque. Cela pourrait sembler une mauvaise décision si le marché continue de baisser mais peu importe tant que nous avons raison sur le long terme.

Notre processus d’investissement nous incite également à prendre des positions dans ce que nous appelons des « sociétés de qualité ». Personne n’est en mesure de quantifier et d’estimer l’impact à court terme qu’aura cette pandémie sur l’économie et les marchés boursiers. Cependant, cette crise a clairement le potentiel de peser significativement sur les résultats des entreprises et le sentiment des investisseurs pendant un certain temps. Ce manque de visibilité à court terme n’est pas spécifique à la situation actuelle. Nous sommes convaincus que faire des prévisions à court terme est un exercice vain et que la seule façon d’être gagnant en tant qu’investisseur est de garder une vision à long terme. Nous nous en tenons à notre processus qui nous permet d’identifier des entreprises offrant un potentiel de croissance rentable, pas seulement pour les deux prochaines années mais pour une période plus longue grâce à des avantages compétitifs solides et des tendances d’investissement favorables.

Nous sommes peut-être en train de vivre une situation où la phrase célèbre de Warren Buffet se confirmera : « C’est quand la marée reflue qu’on remarque qui était en train de nager tout nu ». Certaines sociétés pourraient faire faillite ou, suite à une baisse de leurs flux de trésorerie, avoir des difficultés à réinvestir dans de nouvelles opportunités de croissance. Les sociétés dans lesquelles nous investissons sont dotées de bilans sains qui devraient leur permettre de résister à une crise. Leurs avantages compétitifs leur permettront de rester rentables et de générer d’importants flux de trésorerie disponibles et devraient donc les aider à sortit plus forts que la plupart de leurs concurrents de cette crise. Elles sont en mesure de capitaliser sur une marque forte, des clients captifs, d’importants réseaux, des capacités technologiques de pointe et des avantages de coût qui devraient leur permettre de générer des rendements de long terme attractifs pour leurs actionnaires.

 

Steve Glod, Equity Fund Manager

Steve est arrivé en 2001 à la Banque dans le département d'Analyse Financière et de Gestion de Patrimoine. Depuis 2011, il est responsable de la gestion des investissements en actions japonaises pour les fonds de la Banque. Entre 2005 et 2010, il était co-responsable des investissements en actions américaines des fonds d'investissement de la Banque. Steve est Ingénieur en mécanique EPF, spécialisé en Sciences Commerciales. Il est également Docteur en Sciences Techniques de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich. En 2002, il a réussi les examens du CEFA (Certified EFFAS Financial Analyst).

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